Ta vie ou la mienne, Guillaume Para

– Tu t’es défendu, Hamed, et c’est normal. Mais la violence n’est jamais une solution C’est comme un virus, tu comprends ? Si tu l’attrapes, tu n’en guériras pas, et il se répand…
– Mais ils ont voulu me voler…
– C’est vrai. Mais évite la violence autant que tu le peux, fuis-la. C’est l’arme du faible. Toi, tu es un  bon garçon. Tu es né pour faire des bonnes choses.
Cette nuit-là, Hamed songea aux bonnes choses qu’il ferait dans sa vie.

Ta vie ou la mienne

Ta vie ou la mienne, Guillaume Para, Editions Anne Carrière, 2018

Résumé éditeur : 

Hamed Boutaleb naît à Sevran, en Seine-Saint-Denis. Orphelin à l’âge de huit ans, il part vivre chez son oncle et sa tante à Saint-Cloud, commune huppée de l’Ouest parisien. Pour la première fois, une existence sans adversité s’offre à lui. Hamed saisit sa chance et s’épanouit avec une passion : le football. Il brille dans le club de la ville, où il se lie d’amitié avec l’un de ses coéquipiers, François. À seize ans, le jeune homme tombe amoureux de Léa, qui appartient à un autre monde, la haute bourgeoisie. L’amour passionné qui les lie défie leurs différences et la mystérieuse tristesse qui ronge l’adolescente. Hamed touche du doigt le bonheur, mais celui-ci vole en éclats lorsque la jeune fille lui avoue que son père la viole depuis ses douze ans. Une nuit, le père de Léa est blessé au cours d’une agression. Il en restera paralysé. Hamed est rapidement mis en cause avant d’être incarcéré. En prison, où il passera quatre ans, la violence devient sa seule alliée. Par instinct de survie, il refuse de revoir Léa. Lorsqu’elle accouche d’un petit Louis, c’est François qui offre son réconfort à la mère et l’enfant, tandis qu’en détention Hamed sombre dans la haine et la colère. Hamed et Léa se retrouveront, quelques années après. Mais leur amour, toujours présent, suffira-t-il ?

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Ta vie ou la mienne est le premier roman du journaliste Guillaume Para, édité chez Anne Carrière. Il s’agit d’un roman urbain où se mêlent cités et beaux quartiers, football et univers carcéral. Mais c’est en même temps un roman sur l’amour et l’amitié, sans aucune condition.

Après une enfance passée à Sevran en Seine-Saint-Denis, Hamed part vivre chez son oncle et sa tante à Saint Cloud. Plus tard, il va rencontrer François et son père qui l’aideront à aller au bout de ses rêves de footballeur passionné. Il fera aussi rencontre de Léa pour laquelle un jour sa vie va basculer.

L’enfance d’Hamed était morte dans ce cachot. Durant ces trente jours, une part de lui s’était éteinte. Il éprouvait désormais une rage, une haine irrévocables envers l’autorité. Il était devenu un fantôme.

Dès les premières pages, l’auteur nous met dans l’ambiance de la cité et des quartiers sensibles mais sans jamais tomber dans la caricature. Il nous décrit un univers où chacun doit se faire sa place, surtout dans ce lycée d’où viennent des adolescents de tous milieux confondus. L’évolution d’Hamed est très intéressante : de jeune orphelin venant des cités, il se méfie d’abord énormément de son nouvel environnement et des personnes qui le composent jusqu’au jour où il accorde son amitié à François, une amitié, vraie, sincère, pour la vie. L’apparition de Léa, jeune catholique d’origine aisée, dans leur existence n’enfreindra jamais leur amitié, mais de cette rencontre surviendra un drame qui changera le cours de leur vie à tous les trois puisqu’Hamed sera incarcéré pour tentative de meurtre sur le père de Léa.

Si jusque là, l’histoire se lisait très bien, à partir de l’incarcération d’Hamed, ma lecture est devenue addictive. Hamed devient quelqu’un d’autre, Léa se réfugie auprès de François, cet ami toujours présent même si discret. La tension monte, la violence et le silence s’empare d’Hamed. La prison transforme l’individu qui y est confronté, les personnalités se révèlent ou se métamorphosent pour la survie. On comprend alors le cercle infernal dans lequel est enfermé l’individu qui a séjourné en prison, un cercle dont il est difficile de sortir même après la sortie.

La colère rend prisonnier, c’est la pire des cages.

Dans ce livre, les personnages sont attachants, ce sont des personnages bruts, sans fard comme dans la vraie vie, avec leurs pulsions, leurs émotions, leurs colères, leurs petits bonheurs, leurs différences, leurs passions. L’intrigue est prenante, le rythme est rapide, les chapitres sont courts. J’ai été tenue en haleine durant ma lecture, je ne m’attendais pas à certaines révélations, j’ai eu quelques surprises ! Mais c’est en refermant le livre que le titre a pris tout son sens pour moi. L’histoire d’Hamed, François et Léa amène à une réflexion profonde sur la vie et ses obstacles et surtout sur les choix qu’on peut tous être amenés à faire par amour ou par amitié. Qu’aurais-je fait à leur place ? Qui doit-on protéger ? Soi-même ? L’autre ?

Détruire ce qui lui était arrivé de mieux, ce qu’il avait de plus cher, était la seule chose qu’il était capable de faire. Il ne se retourna pas, pas même quand il entendit le râle de Léa. Un cri qui déchira son être.

Ta vie ou la mienne est un roman à côté duquel je serais sans doute passée si l’auteur, Guillaume Para, ne m’avait pas contactée directement pour me l’envoyer. Je l’en remercie pour sa confiance (j’accorde une mention spéciale aux passages qui parlent de football, j’ai toujours aimé ce sport, j’étais dans mon élément !)

En bref, un auteur à découvrir, un premier roman très touchant dont on tourne les pages sans s’en rendre compte ! Un roman sur la vie et ses choix, parfois difficiles, parfois vitaux, parfois évidents ou de raison et parfois juste passionnels.

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