Succion – Yrsa Sigurdardottir

La neige tombait à nouveau. Le soleil disparut derrière de lourds nuages sombres qui menaçaient d’interrompre la circulation en imposant des déneigements répétés. Les essuie-glaces chassaient du pare-brise la neige légère, la voiture faisait du surplace.

Succion
Succion, Yrsa Sigurdadottir
Editions Actes Sud, collection actes noirs
Traduit de l’islandais par Catherine Mercy et Véronique Mercy

Présentation éditeur : 

Assise sur les marches glaciales devant l’entrée de sa nouvelle école, Vaka regrette de n’avoir pas mis un manteau plus chaud. Apparemment, son père a oublié de venir la chercher, sa mère a oublié de lui donner de l’argent de poche cette semaine et l’école est déjà fermée. On ne peut décidément pas se fier aux adultes. Résignée à attendre, elle voit bientôt une petite fille approcher. Vaka la reconnaît tout de suite : elle est dans sa classe, c’est celle à qui il manque deux doigts. La petite fille habite juste derrière l’école, alors Vaka lui demande si elle peut venir chez elle passer un coup de téléphone pour appeler son père. Plus personne ne reverra jamais Vaka.

Dégradé et relégué au plus bas de l’échelle après les polémiques qui ont entouré sa dernière enquête, l’inspecteur Huldar doit se contenter des chiens écrasés. Jusqu’au jour où on le charge d’une vérification de routine qui bascule dans l’horreur lorsque, après un signalement anonyme, il trouve deux mains coupées dans le jacuzzi d’une maison du centre-ville. Huldar ignore encore que cette mutilation n’est que la première d’une longue série.

Après ADN, Huldar et Freyja, la psychologue pour enfants, reprennent du service dans une de ces intrigues glaçantes et addictives dont Yrsa Sigurðardóttir a le secret.

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Avant de commencer Succion, je n’avais pas lu ADN, le premier opus des enquêtes d’Huldar. Pour tout vous dire, je ne savais pas qu’il s’agissait d’un deuxième tome mais cela ne m’a absolument pas dérangée dans ma compréhension. De cette même auteure, j’avais lu par contre Je sais qui tu es, un thriller d’épouvante à l’ambiance très spéciale : étouffante, glaciale et sombre. Yrsa Sigurdardottir est une auteure que je vais suivre !

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2004. Vaka attend ses parents à la sortie de l’école. Pensant qu’ils l’ont oubliée, elle part chez une camarade d’école pour leur téléphoner. On ne reverra jamais Vaka vivante.

2016 : Une étrange et inquiétante lettre est retrouvée dix ans après avoir été enfouie, dans la capsule temporelle d’une école de Reykjavik. Au même moment, des mains sont retrouvées dans un jacuzzi. L’enquête est confiée à Huldar, flic qui été rétrogradé après des polémiques. L’aide de Freyja, psychologue à la Maison des enfants de Reykjavik  lui sera précieuse dans cette affaire.

Si j’aime beaucoup les romans nordiques, c’est essentiellement pour l’ambiance particulière qui s’en dégage. J’aime aussi la manière d’écrire des auteurs islandais et scandinaves. Certains diront que c’est lent, moi je dirai plutôt que c’est posé, c’est précis, c’est net, pour une immersion totale. Et Succion ne déroge pas à cette règle. Dès les premières lignes on est à Reykjavik. C’est l’hiver. Il fait froid, c’est sombre.

C’était la quarante-cinquième dépression qui traversait le pays depuis le début de l’hiver. Chacune gagnait en puissance sur la précédente, chaque fois plus violente et déchaînée. On aurait juré que les Dieux qui régnaient sur les éléments avaient fait alliance avec l’Islande, mais que leur coalition avait dégénéré.

L’atmosphère de Succion est très singulière. En effet, la tension est palpable à chaque page. Dans les relations entre les personnages qui sont très tendues, mais aussi dans l’avancée de l’enquête. On se demande si ce qui va se produire peut être pire que ce qui vient d’arriver.

Les personnages sont très creusés. Ils sont froids et en même temps attachants. Huldar semble aussi perdu dans sa tête que dans sa vie professionnelle. Il en est de même pour Freyja. Tous deux souffrent d’une grande solitude.  Ils ne semblent pas à l’aise l’un en présence de l’autre et pourtant, on comprend qu’ils se ressemblent et qu’ils peuvent se faire du bien mutuellement (psychologiquement, mais peut-être aussi sentimentalement). J’ai ressenti énormément d’empathie à leurs égards, et l’envie de les « voir » sourire.

Freya se leva et se sentit mieux sitôt dans le couloir. Il était mieux aéré que la petite pièce. Elle murmura vaguement un au revoir.
[…]
Le taxi s’arrêta le long du trottoir. Freyja s’installa à l’intérieur, complètement désemparée.

Succion est vraiment un roman à l’islandaise comme je les aime. Des chapitres d’une dizaine de pages qui vont dans le vif de l’action. L’enquête est extrêmement bien menée. Les fils se dénouent progressivement tant les informations sont données subtilement. Jusqu’à la fin on essaye de reconstituer le puzzle de ces deux affaires. Tout semble se dérouler logiquement et quand on croit être sur la bonne piste, tout s’embrouille à nouveau. Un vrai plaisir de lecture !

En bref, Succion est un polar glacial très bien mené. On retrouve l’ambiance si typique des romans islandais, polaire et oppressante à la fois. Une enquête passionnante dont la fin vous surprendra à coup sûr ! Pour ma part, je vais me procurer ADN au plus vite !

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