Qui je suis, Mindy Mejia

Descends de la scène ma chérie. Tu ne peux pas passer ta vie à jouer pour les autres. Les gens vont te prendre ce que tu as. Tu dois apprendre à te connaître toi-même. et à comprendre ce que tu veux. Je ne peux pas le faire à ta place. Personne ne le peut.

Qui je suis

Qui je suis, Mindy Mejia, Mazarine, 2018
Titre original : Everything You Want Me to Be (2017)

Résumé éditeur : 

Hattie Hoffman a passé sa vie à jouer de nombreux rôles : la bonne élève, la bonne fille, la bonne petite amie. Mais Hattie rêve d’autre chose, quelque chose de plus intense… et qui se révèle extrêmement périlleux. Lorsqu’on découvre son corps sauvagement poignardé, une redoutable onde de choc traverse la ville de Pine Valley.
Très vite, il apparaît que Hattie entretenait une relation secrète, hautement compromettante et potentiellement explosive. Quelqu’un d’autre était-il au courant ? Et dans ce cas, jusqu’où cette personne était-elle prête à aller pour mettre fin à cette relation ?
Riche en rebondissements, Qui je suis retrace une année de la vie d’une jeune femme dangereusement fascinante, au cours de laquelle surgissent les secrets les plus sombres d’une petite ville, tandis que Hattie se rapproche peu à peu de sa mort.
Suggestif et tranchant, ce roman examine la frontière entre l’innocence et la culpabilité, l’identité et la duperie. L’amour conduit-il à la découverte de soi… ou à la destruction ?

***

Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions Mazarine et Netgalley pour ce livre que j’ai lu en avant-première et dont j’ai tardé à publier la chronique.

Qui je suis ?
Qui est Hattie Hoffman ?

 Je ne sais pas. Sans doute. Mais peu importe qui je suis. Ça parle de toi, de qui tu es. Je ne sais toujours pas comment je dois t’appeler. Avec tous tes noms. Toutes tes identités.

Le roman s’ouvre sur la tentative de fuite d’Hattie à l’aéroport. La jeune fille souhaite partir tenter sa chance à New York comme actrice mais elle n’avait pas tout prévu. Peu de temps après, son corps est retrouvé mutilé dans une cabane. Qu’est-il arrivé à Hattie ? malédiction, meurtre ? Tout est envisagé.

Tout le monde connaissait Hattie dans cette petite ville. Le shérif, ami de longue date de ses parents, ses amis du lycée, son professeur d’anglais… Derrière ses airs de bonne élève et de fille sérieuse, Hattie aime l’interdit et le risque. Cela va la conduire à la tragédie. Au fil des pages, on la voit jouer avec son professeur, son petit ami, et même ses parents et sa meilleure amie.

Tu joues à l’élève parfaite avec tous les profs à qui j’ai parlé, et chacun est persuadé que tu vas choisir sa matière pour poursuivre tes études. Apparemment, rien ne te gêne dans tout ça. Tu dis que c’est de la comédie, mais, en réalité, tu te fractures en mille pièces, et chaque fois que j’en découvre une nouvelle, tu es déjà ailleurs. Tu deviens quelqu’un d’autre, une foule d’ « autres ». Et je finis par me demander s’il existe une personne nommée Hattie Hoffman. Je me dis que toute cette histoire n’est peut-être qu’une hallucination.

Dans ce roman à plusieurs voix, l’auteure nous dévoile les multiples facettes  de la personnalité complexe d’Hattie. Elle n’est pas aussi adorable qu’elle veut le faire croire. Hattie nous apparaît être une personne différente selon la personne qu’elle fréquente. Tantôt élève, tantôt manipulatrice, tantôt vendeuse aimable dans une pharmacie, et même séductrice. Une chose est sûre, Hattie sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Elle est charmeuse et bonne actrice, elle sait parler aux autres et est prête à tout pour parvenir à ses fins. A sa fin.
Clap de fin, la pièce est terminée, le rideau est tombé, Hattie n’est plus.

J’observais ses doigts et y vis une main que je pouvais manier à ma guise, que je pouvais pousser à assassiner le roi. J’observai la confusion sur son visage et y vis la folie que nous partagerions bientôt. Je devins froide, insensible. Quand il se racla la gorge pour lire la première réplique, je sentais le goût de ma propre mort.

L’ambiance qui règne est assez pesante, la proximité entre les habitants de cette petite ville où il ne se passe d’ordinaire jamais rien y contribue. Tout le monde se connaît, tout se sait, ou presque. L’auteure maintient la tension en alternant les points de vue et en promenant le lecteur dans les mois passés.

Si j’ai aimé l’histoire en elle-même, j’y ai trouvé quelques longueurs. Je ne l’ai pas lu sans pouvoir m’arrêter. Je pense que certains passages n’étaient pas utiles à la bonne compréhension de l’intrigue et leur suppression aurait pu alléger le récit. Je n’ai pas été vraiment surprise par la révélation de l’identité du tueur, mais pour autant tout m’a paru bien ficelé dans ce thriller. Je pense que je lirai le prochain livre de Mindy Mejia pour me faire une meilleure idée de son style.

En bref, malgré les quelques longueurs, Qui je suis est un roman très bien construit, bien qu’assez conventionnel. Un roman que je conseille si vous aimez les portraits psychologiques, celui d’Hattie est particulièrement intéressant.

[…] un strip-tease psychologique qui me torturait en me donnant envie de la mettre en pièces pour découvrir qui, ou quoi, se cachait à l’intérieur.

 

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