Emma dans la nuit, Wendy Walker

Je devais être à la hauteur. Je devais me surpasser si je voulais que mon récit soit crédible. Je devais mettre de côté les sentiments que m’inspirait le passé. Les sentiments que m’inspiraient les relations entre ma mère et Emma. Entre Mme et M. Martin. Entre Emma et moi. J’aimais ma mère et ma sœur en dépit de mon égoïsme et de ma mesquinerie. Mais les gens ne pouvaient pas comprendre ça. Je ne pouvais pas me permettre d’être égoïste et de dire des bêtises. Je devais être la personne qu’ils voulaient que je sois. Je n’avais rien, hormis les vêtements que je portais. Aucune crédibilité. Aucune preuve, hormis le fait que j’étais en vie.

Emma dans la nuit, Wendy Walker, Sonatine, 2018

Résumé éditeur :

Deux sœurs disparaissent. Trois ans plus tard, une seule revient. Dit-elle toute la vérité ?
Emma, 17 ans, et Cass, 15 ans, sont les sœurs Tanner, devenues tragiquement célèbres depuis leur inexplicable disparition. Après trois ans d’absence, Cass frappe à la porte de chez ses parents. Elle est seule. Elle raconte comment sa sœur et elle ont été victimes d’un enlèvement puis retenues captives sur une mystérieuse île. Emma y serait toujours. Mais la psychiatre qui suit cette affaire, le Dr Abigail Winter, doute de sa version des faits et s’intéresse de plus près aux Tanner. Elle finit par découvrir, sous le vernis des apparences, une famille dysfonctionnelle régentée par une mère narcissique. Que s’est-il réellement passé trois ans auparavant ? Cass dit-elle toute la vérité ? 

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J’avais lu Tout n’est pas perdu à sa sortie en 2016 et à la fin de ma lecture je n’avais pas su dire si j’avais aimé ou pas. Quand j’ai vu que Wendy Walker sortait ce nouveau livre, j’ai voulu retenter l’expérience avec cette auteure, j’ai sollicité Emma dans la nuit sur Netgalley. Je remercie les éditions Sonatine d’avoir accédé à ma demande.

Pour cette deuxième expérience avec cette auteure, j’ai réussi à entrer directement dans l’histoire. Cass, cette jeune femme qui réapparaît après avoir disparu pendant trois ans m’a tout de suite intriguée. Je l’ai trouvé mystérieuse, assez froide, distante d’avec son foyer retrouvé. Cela cachait bien évidemment un dénouement surprenant.

Le roman est construit en alternance, entre le point de vue de Cass et celui de la psychiatre. Cela apporte de la profondeur à l’histoire, puisque le docteur nous dresse petit à petit les portraits psychologiques des personnages, tandis que Cass distille doucement, en prenant son temps, des détails sur sa disparition et celle de sa sœur.

Si j’ai aimé cette lecture,  que j’ai tourné les pages rapidement, les personnages ne m’ont pas touchée ! J’ai trouvé qu’ils avaient tous quelque chose d’antipathique : des personnages froids, distants, auxquels on ne peut pas s’attacher et pour lesquels je n’ai pas réussi à éprouver même une légère compassion… Mais malgré tout, cela fait un bon cocktail car la famille d’Emma et Cass suit un schéma assez compliqué. Les relations entre les membres de la famille sont très alambiquées. Tout le monde manipule tout le monde, on ne sait à qui se fier à aucun moment du roman.

Wendy Walker joue avec les nerfs de son lecteur, elle le promène, et le résultat donne un thriller psychologique très réussi et plutôt bien ficelé, même si certains détails peuvent paraître un peu tirés par les cheveux. Par ailleurs, si en définitive, j’avais deviné une partie du mystère autour de la disparition d’Emma, je n’avais pas imaginé que cela avait pu se passer de cette manière.

Si un jour je pense comme papa, je préfère me consumer dans une grosse boule de feu. J’aime mieux vivre deux fois moins longtemps et me sentir vivante que vivre deux fois plus longtemps en me sentant déjà à moitié morte.

En bref, Emma dans la nuit, est pour moi un très bon thriller psychologique. Il m’a tenue en haleine du début à la fin. Et si je ne savais pas si j’avais aimé Tout n’est pas perdu, je peux dire que j’ai adoré Emma dans la nuit ! Assurément je lirai le prochain livre de Wendy Walker.