Bleu Calypso – Charles Aubert

Il y avait huit photos. La plupart était floues, deux ou trois exploitables, l’une sortait du lot […] Ce n’est qu’après avoir travaillé dessus pendant plusieurs minutes que je me suis rendu compte qu’au deuxième plan juste derrière le leurre et le poisson, au milieu des algues, il y avait le visage d’un homme.

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Présentation éditeur :

Niels Hogan, quarantenaire bourru, a rompu les amarres. Profitant d’un plan social, il s’est installé – comme l’auteur – dans une cabane au sud de Montpellier, où il fabrique des leurres pour la pêche au bar. La vie simple, la douceur du temps… L’ermite n’a qu’un ami, son voisin Vieux Bob, qui attend la visite de sa fille journaliste, Lizzie. A l’occasion d’une partie de pêche, Niels découvre un cadavre. D’abord suspecté, Niels décide de mener l’enquête avec Lizzie.

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Niels vit dans une cabane au bord de l’eau près de Montpellier. Après avoir vécu à Paris, il a ressenti le besoin de tout quitter, pour vivre enfin selon ses convictions. Il fabrique et vend des leurres pour la pêche. Dans cette nouvelle vie, il n’a pas vraiment d’amis ou de contacts, à part avec son voisin le plus proche, Vieux Bob. Tout est calme et tranquille dans la vie de Niels jusqu’au jour où il trouve le cadavre d’un plongeur dans l’étang près de chez lui, et jusqu’à sa rencontre avec Lizzie, la fille de Vieux Bob. Tout bascule, quand il se retrouve sur la liste des suspects. C’est sans compter sur la motivation de Lizzie, avec qui il va mener l’enquête en duo.

Si ça, ce n’était pas une touche ! En définitive, mener une enquête, ça ressemblait pas mal à une partie de pêche. On balance un leurre et on fait en sorte que ça morde. Rien d’insurmontable. Ca m’a encouragé à poursuivre.

L’écriture de Charles Aubert est belle et addictive. On s’imagine les décors de ce sud de la France. Les personnages et les lieux prennent vie avec ses mots. Et on sourit, et on rit  parfois aussi. Le personnage de Niels a beaucoup d’humour et d’autodérision et c’est lui qui nous raconte l’histoire.

J’ai imaginé le serial killer saucissonné sur une perche en bois, Lizzie et moi, à chaque extrémité, en train de le transporter en pleine jungle, comme un vulgaire cochon sauvage. C’était une image insolite, mais j’en avais l’habitude.

Si le polar est classique, c’est bien le lieu, le personnage original de Niels et la douce poésie de l’auteur qui font la différence. Malgré les meurtres, on ressent un grand calme, une grande quiétude dans ce roman. Avec Bleu Calypso, Charles Aubert casse les règles du polar standard pour en faire un polar apaisant. On mène l’enquête aux côtés de Lizzie et Niels mais sans affolement, sans stress. Aucune pression ici, on prend son temps. Et ça fait un bien fou ! Parce que pour autant, on ne s’ennuie pas un instant.

Les chapitres commencent tous par des haïkus, cela apporte une réelle touche de zen supplémentaire. Avec ces petits poèmes bien choisis, Charles Aubert crée un rituel avec le lecteur. Accompagnés de thé préparé à la japonaise, c’est idéal. On se pose, on réfléchit. Un vrai moment de détente entre deux actions.

Partout des meurtres
Et pourtant l’eau
Coule dans la nuit
Ozaki Hôsaï

Si je vous dis que j’ai lu ce livre en vingt-quatre heures à peine, vous me croyez ? J’avais cependant deviné une partie du dénouement assez rapidement, mais cela n’a pas gâché ma lecture. J’étais même assez triste en refermant ce livre, je n’avais pas envie de quitter les personnages et le sud. J’aime quand les auteurs français ne délocalisent pas leurs intrigues, c’est tellement agréable !

Bleu Calypso, c’est beau, c’est drôle, c’est poétique aussi. Niels et son Bleu Calypso, c’est la vie finalement. Mais Bleu Calypso, c’était surtout mon premier livre des éditions Slaktine et Cie ainsi que le premier roman de Charles Aubert. Une vraie réussite et une belle découverte. Un polar apaisant autant que captivant.

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2 commentaires sur « Bleu Calypso – Charles Aubert »

  1. Si on avait voulu me vendre un « polar apaisant, proche du nature writing », je ne pense pas que je me serais laissée tenter… Mais Charles Aubert réussi avec brio cet improbable pari! J’ai beaucoup aimé ce récit, lu durant le premier confinement et j’avoue qu’il m’a fait beaucoup de bien 🙂

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