Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux – Martha Hall Kelly

Des cendres noires s’élevèrent au-dessus des flammes, comme elles l’avaient fait des cheminées de Ravensbrück. Quand tout fut consumé, il ne restait presque plus aucune preuve de notre vie dans le camp.

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Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux, Martha Hall Kelly
Traduction : Géraldine d’Amico
Editions Pocket, 2019
Editions Charleston, 2018

Présentation éditeur :

À New York, Caroline Ferriday travaille au consulat français. Mais lorsque les armées hitlériennes envahissent la Pologne en septembre 1939, c’est tout son quotidien qui va être bouleversé.

De l’autre côté de l’océan, Kasia Kuzmerick, une adolescente polonaise, renonce à son enfance pour rejoindre la Résistance. Mais la moindre erreur peut être fatale.

Quant à l’ambitieuse Herta Oberheuser, médecin allemand, la proposition que lui fait le gouvernement SS va lui permettre de montrer enfin toutes ses capacités. Mais une fois embauchée, elle va se retrouver sous la domination des hommes…

Les vies de ces trois femmes seront liées à jamais lorsque Kasia est envoyée à Ravensbrück, le tristement célèbre camp de concentration pour femmes. À travers les continents, de New York à Paris, de l’Allemagne à la Pologne, Caroline et Kasia vont tout tenter pour que l’Histoire n’oublie jamais les atrocités commises.

Un premier roman remarquable sur le pouvoir méconnu des femmes à changer l’Histoire à travers la quête de l’amour, de la liberté et des deuxièmes chances.

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Merci à Emmanuelle des éditions Pocket pour cet envoi.

Coup de coeur !

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Seconde guerre mondiale. Trois femmes. Trois destins qui vont se croiser.

Caroline, à New-York, travaille bénévolement pour le Consulat français. Ancienne actrice, elle se dévoue corps et âme pour les ressortissants français mais aussi pour les orphelins de France auxquels elle fait parvenir des colis de vêtements.

La France aussi limitait ses visas. En novembre, les gens qui voulaient désespérément être les premiers dans la queue affrontaient le froid et passaient la nuit à la belle étoile, dans des sacs de couchage, sous la fenêtre de mon bureau. Chaque matin, dès l’ouverture du consulat, la longue file de Français qui cherchaient à rentrer chez eux s’allongeait de notre réception jusque dans le hall d’entrée.

Kasia, en Pologne, est lycéenne. Elle rejoint la résistance locale ce qui lui vaudra d’être déportée dans le camp de concentration pour femme de Ravensbrück, avec sa mère et sa soeur. Là-bas, elles vont vivre l’horreur des expérimentations médicales sur cobayes humains. Les lapins.

Aucune d’entre nous ne savait à quel point nous nous trompions ce matin-là, à notre descente du train, et que nous allions plonger droit en enfer.

Herta, en Allemagne, femme médecin, exerce dans ce même camp de Ravensbrück. Herta est nazie, et est fière d’être au service d’Hitler. Certains des actes qu’elle devra accomplir la dérangeront mais par conscience patriotique, elle ira au bout de ses missions.

Quelle chance j’avais d’être une des rares femmes médecins sous Hitler ! Cela me mettait dans une catégorie à part.

En ouvrant ce livre, en me plongeant dans ces plus de six cents pages, je ne savais pas que j’allais en ressortir si bouleversée. J’avais pourtant vu passer des avis en ce sens sur les réseaux sociaux, mais je ne me laisse généralement pas influencée.

Martha Hall Kelly s’est beaucoup documentée pour écrire ce roman chorale et historique et cela se ressent. Ses mots sonnent justes. Il ressort une grande sensibilité de l’histoire de ces femmes. L’horreur de la déportation, la doctrine nazie, tout y est creusé.

Hitler était un fou et un menteur, nous l’avions compris, mais chaque nouveau revers cinglait comme une nouvelle gifle.

Caroline, mais surtout Kasia sont très attachantes. Ce sont des femmes déterminées, courageuses. A l’inverse, le comportement et la personnalité endoctrinée d’Herta font froid dans le dos. Et en même temps, j’ai parfois ressenti un mélange de mépris et de pitié pour cette femme qui n’a pas l’air de réfléchir par elle-même mais d’obéir à des principes qu’on lui a enseignés. La situation d’Herta, qu’il est bien évidemment impossible de cautionner amène une piste de réflexion. Comment est-il possible d’en arriver à commettre des atrocités pareilles et à quel moment devient-on insensible aux autres ?

Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux est inspiré de faits réels (Caroline est Herta ont existé).C’est sûrement ce qui fait la force de ce roman. L’auteure parvient à retranscrire toutes les émotions et situations de l’époque. J’ai vraiment eu l’impression d’être au coeur de Ravensbrück, aux côtés des femmes polonaises livrées à un sort inhumain. Les pages se sont tournées les unes après les autres. J’avais envie de savoir ce qui allait arriver à ces trois femmes et en même temps j’étais terrifiée.

Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux est un roman puissant et bouleversant, qui parle pourtant d’une horreur de notre Histoire mais aussi et surtout de liberté. La liberté de vivre, de penser, d’aimer. Une histoire de femmes que je ne peux que vous recommander, une lecture dense mais indispensable à mes yeux.

C’est un miracle, toute cette beauté qui émerge après tant d’épreuves.

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6 commentaires sur « Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux – Martha Hall Kelly »

  1. J’aime beaucoup les histoires de femmes, et particulièrement celles qui mettent en lumière notre force face à l’adversité. Je ne suis pourtant pas féministe, juste pour l’égalité.

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